Un livre d’images vivant: le Vietnam

Sarah Pally sur Hoi An, Halong et Mekong
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Auteure

Sarah Pally

Sarah Pally a fait l’ascension des volcans hawaïens, observé les pingouins depuis la pointe septentrionale de l’Argentine, traversé des routes à 16 voies au Vietnam, cueilli des fruits exotiques à même les arbres à Tahiti et a grelotté de froid dans le désert jordanien autant que dans le Nord du Canada. Elle n’a aucune intention de retourner sur l’île de Pâques mais refoulerait volontiers le sol de la Patagonie. Son plus grand rêve serait de partir en voyage pendant plusieurs mois pour parcourir l’Afrique depuis la ville du Caire jusqu’au Cap.

Ils naviguent entre les rochers de la baie d’Halong, flânent dans Hoi An, se laissent porter sur le Mékong : le Vietnam attire de plus en plus de visiteurs. Pourquoi ?  Une tentative de réponse.

Si vous êtes assis sur une chaise en plastique trop petite à une table en plastique également trop petite devant un verre de «bia» (de la bière) d’autant plus grand, vous êtes vraisemblablement à Hanoï

Des routes à plusieurs voies traversent le Vietnam

Les ruelles de la vieille ville sont étroites, mais je me suis habituée depuis bien longtemps à la foule et aux innombrables véhicules en tout genre. Lors de mon arrivée à Hô-Chi-Minh-Ville (ou Saïgon) j’étais encore peu rassurée à l’idée de traverser une rue à huit voies qui en compte en fait 16. Mais trois semaines plus tard et après avoir parcouru plus de 2000 kilomètres, je me faufile entre les espaces vides sur le trottoir et la rue bondée, comme si je traversais un fleuve en sautant de pierre en pierre. J’aime voir les marchandises des magasins qui s’épanchent jusqu’au bord du trottoir et cette effervescence qui règne en maître. Je m’achète des châtaignes d’eau fraîches, m’assieds devant le lac de Hoan-Kiem qui aurait abrité la légendaire tortue d’or – et passe en revue mon voyage au Vietnam. Des scènes et des images m’imprègnent comme dans un rêve.

Je suis arrivée sans idée préconçue, avec un billet circulaire. Je voulais découvrir ce pays et me laisser surprendre. J’étais là lorsqu’il s’est mis à neiger dans les montagnes de Sapa près de la frontière chinoise. Il y avait même de la neige sur les palmiers et les terrasses de riz. J’ai vu les visages rayonnants des autochtones tout excités par la neige.

Les mille et une saveurs du Vietnam

J’ai savouré des bonbons à base de noix de coco encore chauds sous les palmiers du Delta du Mékong, mangé de l’ananas salé (c’est excellent !) et essayé le fruit du dragon en forme de flamme (dont le goût est moins spectaculaire que l’aspect). J’ai goûté différentes variantes de «Pho», la soupe nationale vietnamienne vendue dans la rue, et mangé dans une chaîne de restaurants stylisés avec une carte de fidélité client. J’ai pu admirer des tours d’offrandes au milieu de nuages d’encens ainsi que des Bouddhas charnus ou élancés, heureux ou pensifs. J’ai voyagé en bus, en bateau, en train ou avec la compagnie «Vietnam Airlines». J’ai découvert le paysage de Da Lat et ses virages en me laissant guider par un «Easy Rider»; j’ai ainsi parcouru des villes entières en cyclo. J’ai vu comment le communisme se vendait sur des t-shirts et me suis fait faire des tongs sur mesure dans Hoi An. Je me suis goinfrée pour le prix d’un café en Suisse, j’ai été gagnée par le rire, l’étonnement ou encore l’émerveillement. Je suis submergée d’impressions, qui défilent maintenant à toute vitesse dans ma tête.

Pourquoi le Vietnam fascine-t-il?

J’ai également vécu des instants suspendus dans le temps, comme sur le champ situé en face du mausolée monumental d’Hô Chi Minh dans la brume du soir : des femmes, dont le visage était en partie caché par leur chapeau de riz, arrachaient de l’herbe. Alors que je les regardais, l’une d’entre elles leva les yeux et m’offrit un très beau sourire. Désorientée par la perte inattendue de mon anonymat, il me fallut une seconde avant de pouvoir lui rendre timidement son sourire et le monde se figea autour de moi le temps d’un battement de cil. Je suis assise devant le lac et mange des châtaignes d’eau. Je sais pourquoi le Vietnam attire des voyageurs du monde entier, sans pouvoir autant le formuler avec des mots.

La version originale de cet article est parue dans une publication ancienne de Kuoni 
Photos: DER Touristik Suisse SA