A Rio de Janeiro, non loin du vacarme urbain et des blocs de béton, se cachent une faune et une flore à couper le souffle. De nombreuses randonnées invitent à découvrir ces mille et un trésors de la nature: elles mènent au sommet des collines caractéristiques avec une vue panoramique entre terre et mer, dans la forêt tropicale urbaine, la Floresta da Tijuca, avec ses habitants exotiques, à travers les favelas pacifiées offrant une vue exceptionnelle sur Ipanema, en passant par des chutes d'eau et autres falaises de granit. Et quoi de mieux pour finir une randonnée en beauté que de se rafraichir dans l'eau, sur la plage de Copacabana.
«Mets ton casque et accroche-toi», lance Marcelo en ricanant, avant de mettre les gaz de sa 125 et de démarrer en trombe. Il serpente habilement dans la pente raide avec sa moto et son passager, le long de la route principale de la favela Vidigal et son dédale de maisons en brique. Nous esquivons les camions qui arrivent en face et nous passons devant des petites boutiques, des bars, des laveries et des salons de coiffure. Dans un virage, le moteur menace de caler. Par chance, le motard connait son quartier: il met les gaz au bon moment et manœuvre en toute sécurité jusqu'au bout de Vidigal, où les broussailles de la forêt atlantique foisonnent et un petit chemin montre la direction.
Voilà une façon originale de commencer une randonnée, et pourtant emblématique de Rio de Janeiro et de la proximité entre jungle urbaine et paysages vierges: la ville est à la fois un monstre urbain et un paradis naturel. Pris au piège par des collines luxuriantes, même les gratte-ciel massifs s'encastrent de façon pittoresque dans le paysage. A Rio de Janeiro, non loin du vacarme urbain et du quotidien urbain se cachent une faune et une flore à couper le souffle. C'est une face moins connue de cette ville aux sept millions d'habitants. Dans le monde, rares sont les métropoles qui offrent autant d'espaces verts. La topographie vallonnée de Rio de Janeiro rend la déforestation difficile, si bien que jusqu'à aujourd'hui, la ville a pu préserver une grande partie de sa forêt atlantique. La dernière évaluation par satellite de 2011 montre que 29 % du territoire de la ville sont verts, c'est-à-dire couverts de forêts, marais, broussailles et jungles de mangrove. De nombreuses randonnées permettent de découvrir cette grande variété naturelle toute en admirant la ville d'une perspective inhabituelle.
Retour à Vidigal, le point de départ de l'un de ces chemins de randonnée. La «favela-vitrine» est réputée tranquille, héberge de nombreux hôtels et jouit d'une vie culturelle animée. La favela n'ayant été pacifiée et donc rendue accessible au public qu'en 2011, cette randonnée est devenue une attraction touristique également pour les locaux. Elle est située au pied du mont «Dois Irmaos» (533 m), l'un des motifs de cartes postales préférés de Rio. Vu d'en bas, il semble impossible de pouvoir accéder au sommet. Pourtant, après un trajet en moto (ou en camionnette) jusqu'au point culminant de Vidigal, il ne reste que 40 minutes pour arriver, à pied, au sommet de la montagne. Le chemin passe par des tronçons forestiers ascendants interrompus, par endroits, par des plateformes de pierres qui offrent une vue dégagée sur la mer, sur le quartier de São Conrado, situé plus bas, et sur la mer de maisons de la plus grande favela d'Amérique du Sud: Rocinha. Au bout d'un moment, la forêt s'éclaircit et le chemin passe dans l'herbe parfumée pour mener tout en haut, où un panorama exceptionnel apparaît comme sorti de nulle part: le cœur de Rio de Janeiro est à portée de main du randonneur. Le lagon, la plage d'Ipanema, le Corcovado à droite et le mont du Pain de Sucre derrière.
La randonnée sur la «Pedra da Gávea» offre une vue similaire, peut-être même encore plus imposante. La montagne culmine à 852 m d'altitude et détient le record mondial du plus gros monobloc de granit en bord de mer. L'ascension se fait de nouveau du côté opposé à Rio dans le quartier de Barra et dure trois bonnes heures. La piste alterne entre parties très raides et chemins forestiers plats. Bananiers, broméliacées et orchidées sauvages ravissent l'œil. Les chants d'oiseaux et de cigales résonnent dans la forêt tandis que de gros papillons bleus volent sur le chemin et que des colibris se lancent à la chasse aux fleurs. Une source d'eau potable naturelle invite à faire une courte pause. Un conseil: n'entreprenez pas cette randonnée après une soirée bien arrosée à la caipirinha!
La partie la plus difficile est à deux heures environ: l'escalade d'une paroi rocheuse d'environ 15 mètres. A cet endroit, il se forme souvent une petite file d'attente, ce qui donne l'occasion de discuter avec les autres randonneurs. Tiago est le guide d'un groupe qui s'attaque à la paroi rocheuse à l'aide de matériel d'escalade.
répond Tiago lorsque je lui demande si l'ascension est difficile. En effet: peu de randonneurs abandonnent et attendent le retour de leurs collègues en bas de la paroi. Arrivés en haut, il ne manque plus grand chose pour arriver sur la partie inférieure de la montagne, et la vue sur la plage sans fin de Barra da Tijuca donne déjà un avant-goût de ce qui nous attend sur le plateau sommital: un vent marin rafraichissant et une vue panoramique exceptionnelle sur Rio, la mer et Barra da Tijuca font oublier la fatigue de l'ascension.
Tout aussi exceptionnel: l'ascension du mont Corcovado avec la statue du Christ (710 m) sur l'autre côté de la Pedra da Gávea. Si vous ne voulez pas faire la queue pour le petit train à crémaillère, vous pouvez commencer à pied au départ du Parque Lague dans le quartier Jardim Botânico. Une randonnée de deux heures et demie que Charles Darwin en personne avait entreprise au XIXème siècle. Raide et variée, elle passe par des chutes d'eau et des jacquiers. Installés sur des branches d'arbres, des capucins riquiquis observent avec intérêt les randonneurs. Le chemin passe par des escaliers de terre et des rochers avec des câbles de fer à travers la forêt à l'odeur boisée. Petit à petit, les cimes dévoilent une vue sur le lagon et Ipanema puis, un peu plus tard, sur les quartiers de Leblon et Gávea. Seul bémol: la vue à couper le souffle depuis la statue du Christ sur tout la ville, zone nord comprise, doit être partagée avec les flots de touristes venus par camionnette et train.
Autre lieu extrêmement populaire mais pas surchargé du fait de sa taille: le parc national «Floresta da Tijuca», la plus grande forêt urbaine au monde, qui englobe également le Corcovado et la Pedra da Gávea. Il abrite d'innombrables chemins de randonnées et grottes et est accessible facilement par bus ou voiture. C'est, pour ainsi dire, une forêt vierge de loisirs aux portes de Rio. Des points de vue invitent à s'y attarder avant de se rafraichir dans des chutes d'eau puis de reprendre la route sur des chemins bien balisés pour observer toutes sortes de prédateurs, de singes et d'oiseaux, mais aussi des coatis, des ouistitis et des toucans. Mais attention: les coatis sont des voleurs rusés et ont la fâcheuse tendance à chaparder les casse-croûtes des randonneurs distraits!
Pour une randonnée encore plus facile d'accès, le mont du Pain de Sucre, au cœur de la partie sud animée de la ville, est idéale. Au lieu de monter par le téléphérique, un charmant chemin forestier sur le côté droit mène vers la première colline, le «Morro da Urca» (220 m). Et au bout de 30 minutes seulement, la vue donne sur Copacabana, Botafogo, Flamengo et le Corcovado. En redescendant, la plage «Praia Vermelha» juste en-dessous du «Morro», rappelle les avantages bien connus de Rio: qu'existe-t-il de plus agréable, juste après une randonnée, que de déguster une noix de coco fraîche et de plonger dans la mer?